Hermès Horloger : une véritable manufacture horlogère intégrée
Architecture & Design

Hermès Horloger : une véritable manufacture horlogère intégrée

Hermès, l’une des marques indépendantes françaises de luxe les plus emblématiques, produit des montres depuis plus de 40 ans. Fidèle à son credo, c’est par la maîtrise totale des savoir-faire en interne qu’elle développe son excellence en prenant le temps nécessaire. L’horlogerie démontre, une fois encore, le bien-fondé de son approche.

Par Benjamin Teisseire
Contributeur

On ne se décrète pas horloger, on le devient. À force de travail, de volonté. En intégrant peu à peu toutes les compétences qui déterminent une vraie manufacture. En apprenant les métiers artisanaux et artistiques traditionnels qui définissent cet art à part entière. En y ajoutant sa touche personnelle, sa créativité qui distingue le style unique de la maison. Pour ceux qui ne l’avaient pas encore réalisé Hermès est bel et bien un horloger. De la tête aux poignets avisés, nous avons suivi la création de la nouvelle Arceau Petite Lune.
 

Créativité et production optimisée

Comme toujours chez Hermès, tout commence par une idée, une conception. Dans le département horloger aussi. Les designs de garde-temps sont développés par les équipes de Philippe Delhotal, directeur création de la manufacture depuis 10 ans. L’excellence commence dès ce stade. Penser et développer en étroite collaboration avec le Bureau Technique des montres robustes, durables et réparables contribue à optimiser tant la production que le SAV, et donc, au final, la légitimité.
 

Ainsi, c’est ici, dans les locaux des Ateliers d’Hermès Horloger au Noirmont, que le Bureau Technique a décliné cette nouvelle version de l’Arceau, modèle original créé par Henri d’Origny en 1978. La conception et l’industrialisation se déroulent dans le nouveau bâtiment, inauguré en 2016, qui regroupe les activités des deux sociétés, rachetées respectivement en 2012 et 2013, de Natéber SA pour les cadrans et de Joseph Érard SA pour les boîtiers.
 

Hermès Horloger a ainsi réussi à simplifier radicalement tout le processus de sa production. Le but atteint est de bénéficier d’un temps de réalisation d’un boîtier de 8 à 12 jours, alors qu’il fallait 6 à 8 mois auparavant. Grâce, notamment, au développement de ses propres outils de fabrication dont l’étampage, que seules les vraies manufactures horlogères possèdent en interne. Comme le précise Laurent Dordet, CEO de Hermès Horloger : « La flexibilité de pouvoir tout réaliser nous-mêmes offre un réel avantage compétitif en termes de réactivité. Cela nous permet aussi d’adapter notre production en fonction de la demande réelle, de ne pas sur-stocker notre réseau de distribution ».
 

Pour obtenir une boîte Arceau, il faut plus de 40 étapes de « frappe », chacune nécessitant un passage au four. L’usinage, la préparation des surfaces, le polissage et le montage se font tous ici-même. De même pour les cadrans, du découpage initial au montage final tout se passe au Noirmont. Usinage, polissage, traitement de surfaces, galvanoplastie, vernissage, décalque, montage des appliques : l’horloger Hermès peaufine ses savoir-faire.
 

Viennent ensuite les mouvements élaborés par Vaucher Manufacture, dont Hermès détient 25% depuis 2006. 3 calibres y sont nés pour Hermès, dont le H1837 et son module phase de lune Dubois Dépraz qui anime cette nouvelle Arceau Petite Lune.
 

Les horlogers maisons effectuent le montage final du cadran sur le mouvement avec la méticuleuse mise en place de la petite lune au visage espiègle – tiré d’un des fameux Carré Hermès – pour la note poétique caractéristique de la prestigieuse maison. L’emboitage final et les derniers contrôles qualité ont lieu dans la manufacture de Bienne, où l’atelier Cuir réside. Un cheminement efficace pour obtenir un résultat optimum. Comme le résume Laurent Dordet, empreint de la culture Hermès : « La recherche d’excellence horlogère est une démarche très sérieuse et authentique pour la Maison. Intégrer les savoir-faire est une volonté permanente chez Hermès, dans tous ses métiers. Nous voulons continuer à asseoir notre légitimité par la qualité de nos produits. Faire évoluer les mentalités prend du temps ».
 

Le bracelet Hermès

On oublie trop souvent que le bracelet fait aussi partie de la qualité finale d’une pièce horlogère. Dans ce domaine, l’excellence Hermès est inégalable. Suivre la fabrication du fameux bracelet Hermès permet de comprendre pleinement pourquoi. Le savoir-faire séculaire du sellier se ressent à chacune des étapes qui entrent dans la confection d’un modèle. Les manipulations s’enchainent avec la précision d’un ballet manuel. On coupe, on surtaille, on gratte, on plie. Véritable rencontre du sellier et de l’horloger où les artisanats s’entremêlent. Le cuir pleine fleur est travaillé, découpé, affiné, doublé, triplé. Les détails se font au niveau du 10ème de millimètre, grâce à la main experte.
 

Elisabeth nous décrit avec précision chaque geste. Elle a 20 ans d’expérience en sellerie – maroquinerie et 5 ans dans l’atelier Cuir. Outre la délicatesse de ses opérations, c’est sa passion qui marque les esprits. Elle est enjouée comme une jeune première, souriante comme une enfant. C’est l’autre grande force de la Maison : cette capacité à transmettre la joie de l’excellence. Le « passage à la table » est l’étape clé.
 

Le bracelet est cousu à la main pour permettre le croisement dessus-dessous. On admire le fameux point sellier en double couture et les 3 derniers points du bracelet sont doublés pour en assurer la solidité maximale. Pas moins de 50 étapes sont nécessaires pour arriver à la qualité Hermès. Plus d’une heure trente de travail manuel pour le bracelet de l’Arceau Petite lune que nous suivons. L’artisan coud, tape, astique, nettoie, teinte, ponce...et recommence. Il lisse au fer à 200°C pour « marier » les épaisseurs de cuirs, astique à nouveau, puis poli. Le jugé se fait à l’œil et au doigt. De l’artisanat pur ! Le dernier point – sellier, bien entendu – se fait « à l’aveugle » pour fixer le dernier passant. Du grand art. La même précision, le même savoir-faire que l’horlogerie.
 

« C’est un bracelet Hermès » prend une toute autre ampleur lorsque l’on réalise la somme de travail manuel, la qualité du geste artisanal, l’attention accordée aux moindres détails. Exactement comme pour toutes les autres étapes de la conception horlogère. Être un horloger est un tout. Cette nouvelle Arceau Petite Lune et son bracelet en alligator bleu en est une preuve supplémentaire. La silhouette emblématique asymétrique de l’Arceau est bien là, avec sa touche pailletée du cadran et sa lune douce et souriante. Dans son boîtier acier, elle se décline en lunette sertie à CHF 12'800 et non sertie à CHF 7'000.
 

Il semble qu’avec le temps, la phrase « C’est une montre Hermès » revêt aussi petit à petit toute sa signification synonyme de créativité, d’excellence et de tradition horlogère. L’intégration verticale n’est pas une fin en soi, mais, comme le souligne le CEO de Hermès Horloger : « C’est une garantie de l’indépendance et de la liberté pour conserver l’esprit « rebelle » originel et continuer à conjuguer créativité, fantaisie et émotion, qui sont au cœur de toutes les créations d’Hermès ».
 

Les amateurs de belle horlogerie et les collectionneurs – hommes et femmes – en quête de garde-temps différents le savent désormais : Hermès est Horloger !

(Photos par Pierre Vogel)

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